ANAËL CALMEL-TRAIN: "MALCUIDANTS" chapitre 3

A la découverte du talent de mon fils. Mardi 31 décembre 2024

Mes biens chers vous,

Je vous invite à découvrir les 4 premiers chapitres du dernier roman en date de mon fils Anaël dont le talent de conteur ne cesse de me surprendre et de me ravir. Et comme vous le savez j’aime vous faire des cadeaux, nous avons, lui et moi, décidé de vous offrir une réduction spéciale sur ce livre, ce pendant les quatre semaines de sa parution chapitrée ici. L’offre n’est valable que sur sa boutique en ligne dont voici le lien:

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Belle découverte à tous. Et merveilleux réveillon de fin d’année.

Je vous embrasse.

Mireille

3

10 mai 1451

La nuit ne me fut pas des plus agréables. Le sommeil fort agité, j’avais sué comme un goret. Trop de foi en mon foie !Trop de vin ces derniers jours surtout, comme de ce succulent ragoût de mouton qui fondait si bien en bouche que vous aviez à peine besoin de le mâcher. Quant à la poularde au miel ! Oh la poularde et sa peau croustillante… Je m’en pourlècherais encore les doigts si le jus m’en coulait. L’on pourra me reprocher ce qu’on voudra, mais pas de n’avoir convenablement honoré la cuisine du tavernier.

Heureusement, aujourd’hui, nous étions vendredi : jour maigre. Mais de maigre, je n’en goûterai pas davantage malgré tout l’éloge que l’on m’en avait fait. Ni ce poisson, ni un autre d’ailleurs. Je n’avalerai rien. Et pour ne pas être tenté, je n’irai pas à la taverne avant le coucher du soleil contrairement aux deux après-midis qui venaient de s’écouler. Si je ne me dérouillais pas un peu, j’allais réellement finir par me barder de lard, ce qui n’était jamais bon pour un chevalier. Déjà que mon gambison et mon harnois étaient un poil trop ajustés… J’aurais l’air de quoi si mon plastron d’acier ne fermait plus ? Une bonne marche, voilà ce qu’il me fallait ; et une bouffée d’air frais.

Résolu à ne plus me laisser aller, je quittai enfin ce lit que j’aurais souhaité plus douillet ; mes rhumatismes merappelant une nouvelle fois que le rembourrage de paille en était trop tassé. Après avoir dompté, par-delà ma hautecalvitie, cette chevelure grisonnante, longue et filasse que je nouai d’un lacet, je me débarrassai de cette poudre, agrégat d’un résidu friable et du sel de ma sueur, que je sentais désagréablement rouler au contact de mes doigts sur la rugosité de mon visage. Ce fut au constat de la saleté de mon pourpoint, recouvert de poussière crayeuse, que je compris enfin d’où elle venait. Je l’avais probablement récoltée la veille en m’appuyant contre le muret du cimetière pour épier Goupil, seul endroit où je me fusse frotté. Je brossai énergiquement la laine bleue de mon vêtement avec le plat de la main avant de l’enfiler, puis m’empressai de répondre à l’appel tonnant des latrines auquel mes braies de lin écru m’enjoignaient fortement.

Il ne s’agirait pas de…

Mes petites affaires rondement menées, je commençai mes déambulations dans les ruelles de la cité. Articulée autour de deux artères perpendiculaires, l’une allait de la place qui s’ouvrait derrière la porte Saint-Romain jusqu’au fleuve ; l’autre, en raide montée, conduisait directement à la porte Liverneuf puis, derrière le rempart intérieur, à l’esplanade du château où je n’étais pas encore allé ; elle fourmillait d’activités.

J’appréciais ce foisonnement d’échoppes, de camelots guillerets à même la rue avec leurs fruits, fleurs et petits outils récupérés Dieu seul savait où ; ainsi que ceux un peu plus discrets, avec leurs amulettes dissimulées sous capes. J’aurais déjà pu acquérir onze doigts de saint Romain, qui protégeaient les marins des flots ; six cors du preux Roland dont la puissance atteindrait Roncevaux, et de quoi me bâtir une nef avec des échardes issues de la Vraie Croix !

Nul besoin de tout cela, quand bien même ces reliques eussent été authentiques. Ce qui avait le plus attisé mon intérêt de noble chevalier était cette forge au bout du bourg où se trouvait une armurerie pluricentenaire qui avait acquis une belle réputation par le passé. Une manufacture « capable de rivaliser avec les plus renommées de l’univers entier », prétendaient les chroniques que j’avais étudiées, mais où, malheureusement, plus rien ne rutilait aujourd’hui. Il me parut évident que le savoir, transmis de père en fils, s’était délité dans l’onde implacable du temps. Néanmoins, pour le prestige, j’y avais déposé quelques pièces de mon armure à redresser.

Baigné par la Gironde, le versant ouest de la citadelle sur lequel se succédaient des tours rondes et carrées, était garni d’échauguettes le long d’une couronne crénelée à hauteur d’homme ; le flanc escarpé de la falaise était impossible à escalader. La vue sur l’estuaire y était complètement dégagée. Si les couchers de soleil valaient le coup d’œil pour leur majesté, les matinées n’étaient pas dénuées de charme. J’affectionnais particulièrement ces forteresses qui ouvraient sur la mer, si absentes en Valois. Depuis le siège de Dieppe, cité que nous, soldats, avions laissée dans un triste état, et jusqu’à Blaye ces derniers jours, je n’en avais plus visité. En observant les voyageurs embarquer sur la grève, je priai sincèrement que Blaye n’eût pas elle aussi à subir un jour le joug de l’ost français.

Profitant de la douceur du vent d’ouest affluant avec la marée, je remontai en toute quiétude le pourtour de la cité puis suivis le haut rempart séparant la ville du château. J’atteignais la porte Liverneuf gardée par deux lances de soldats, l’une quelque peu alerte, l’autre jouant joyeusement aux dés, quand j’aperçus mon Goupil tranquillement tapi à l’ombre de l’échoppe d’un oublieur. Les joues arrondies par les petites pâtisseries, il fixait l’ouverture ogivale de la porte Liverneuf au travers de laquelle s’entrevoyait la première tour du fort triangulaire.

Pour éviter de me retrouver dans son champ de vision, je me plaçai en retrait d’un groupe de femmes qui, panières en main, badinaient de tout et de rien. Je ne pouvais certifier que Goupil me reconnaîtrait, mais, après notre échange de la veille et une nuit de concertation avec moi-même, j’avais décidé de ne plus courir le risque d’une altercation avec l’intéressé ; mon identité devait, jusqu’à ce que j’obtinsse le message de mon aîné, rester confidentielle. Car pour tous les Blayais, depuis si longtemps vassaux des rois-ducs anglais, je ne serais qu’un chevalier français. Donc un ennemi. Or, chercher les ennuis, c’était les trouver. Et aux fers, je ne serais plus d’aucune utilité.

Cependant, puisque la Providence me faisait à nouveau rencontrer Goupil — et chacun savait qu’elle n’agissait jamais en vain —, n’ayant rien de mieux à faire, je pris le parti de continuer à l’espionner ; de loin, cela va sans dire.

À voir la concentration dont il faisait preuve sur l’instant, l’acuité tranchante de son regard, mon ressenti d’hier se renforça : Goupil épiait pour le compte des Français. Blaye figurait-elle également sur la liste des villes à conquérir par Dunois et son armée ? Apprendre ici la résidence du gouverneur de Guyenne, et non à Bordeaux, pourtant capitale du duché, m’avait surpris et représentait d’après moi une preuve incontestable de l’importance de cette petite cité. Devais-je m’en alarmer ? Sans nouvelles de mon frère, je préférais laisser cette préoccupation mûrir dans un coin de ma pensée pour me concentrer sur la seule personne de Goupil. Car plus je l’observais, moins je me sentais à l’aise. Non que sa salegueule de fouine m’effarouchât particulièrement, j’en avais vu d’autres ! Mais, sentiment fugace et désagréable, ce visage m’apparut soudain familier

Pourtant, si j’avais déjà croisé un laideron pareil, je m’en serais souvenu ! Cette impression, ajoutée aux rares mots que je l’avais entendu prononcer hier, piquait ma curiosité. Un seigneur ! Du moins, le prétendait-il.

Seigneur d’où ? de quoi ? Aucune idée. Son existence dissimulait un mystère que j’eus aussitôt besoin de résoudre. Car qui disait mystère, disait problème. Et que les choses ne fussent pas limpides et claires m’horripilait. Goupil était trop singulier. Comment pouvait-on détonner autant quelque part et tout à la fois y paraître parfaitement à sa place ? Ressenti diffus, confus, que je ne parvenais pas à m’expliquer. Avaler l’histoire qu’à son insu il me contait, me laissait un arrière-goût de fiel.

Sans signe avant-coureur, Goupil surgit de son terrier d’un pas déterminé vers la porte gardée, écume pendante aux lèvres. Le fol escomptait-il forcer le passage ? Nullement ! À mi-distance des soldats, son attitude changea du tout au tout. L’artiste, sourire confiant aux lèvres, œil rieur, se présenta à la porte en encourageant d’un sol le lancer de dés à venir. Célébrant aussitôt la fortune du vainqueur d’une tape amicale entre les omoplates, il salua les autres avec le même entrain, puis s’engagea sur l’esplanade du château sans être arrêté.

Et moi qui en pensais l’accès fermement contrôlé ! Il était vrai que Goupil, non armé, ne semblait représenter de menace : l’on ne lui voyait ni dague ni coutelas, et encore moins d’épée. Mais je savais, moi, que, l’attention détournée par le jeu, les gardes n’avaient remarqué que son arme véritable était les deux iris verts abrités sous ses paupières.

J’attendis quelques instants avant de m’engager à sa suite. Dague pourtant pendante au côté, pas plus que mon culvert de guide du jour, je ne rencontrai de difficulté. Alléluia ! Enfin des bons bougres qui ne profitaient pas de chaque passage, porte, pont ou gué pour vous délester de vos deniers.

Goupil avançait déjà le long de la très large excavation qui séparait, dès le franchissement du rempart, l’esplanade du fort. Haut de trois niveaux, le château était desservi par une seule porte située entre les deux tours au Nord que l’on atteignait par un unique et mince pont traversant le fossé. En haut de la muraille, courait un chemin de ronde bien garni de soldats à la vigilance tournée vers la campagne autant que sur le fleuve ou la cité. Une surveillance assidue, de ce que je pouvais en juger.

J’inspectai avec minutie tout ce que Goupil, s’arrêtant souvent, explorait soigneusement lui-même. Il était fin observateur ; nombreux étaient les débuts de brèches et fissures dans le mortier que j’aurais aisément manquées sans son regard averti. Je sus néanmoins constater que cette partie de la citadelle était en bien meilleur état de résistance que l’autre. Le remblai est, autour du château, était très épais. Même en réussissant à percer le mur, impossible ensuite aux assaillants de traverser ; cela prendrait des heures, et encore, sous une pluie continue et meurtrière de traits. Le remblai Nord, lui, était bien moins dense, ce qui s’expliquait surtout par le fait que la citadelle était inatteignable de ce côté. L’escarpement rocheux était à vif. Trop haut et trop abrupt. Impossible d’y grimper. S’il n’y avait la nécessité de surveiller en permanence la Gironde dont l’aval se dévoilait sur au moins dix lieues, y poster des gardes serait superflu. De même pour la corniche du fleuve haute de cent pieds, où la muraille avait presque une valeur ornementale. La véritable faiblesse de la citadelle se situait entre l’accès à la ville autour de la porte Saint-Romain et la séparation de la ville haute avec l’enceinte intérieure qui marquait la fin du remblai Est du château. L’accès au pied de la muraille depuis la pente douce qui montait du Saugeron était aisé. Seul un mur large comme mon bras vous séparait de la cité. Si je l’avais remarqué, il me paraissait évident que Goupil en avait fait de même. D’autant plus que, sur toute cette longueur, non remblayée à l’intérieur donc, l’entretien des murs avait été négligé, voire laissé à l’abandon. Il y avait également une brèche trop haute pour être atteignable au sud de la porte Saint-Romain et qui gênait la ronde des soldats. Un seul tir d’artillerie suffirait à agrandir cette trouée.

Plus j’en découvrais, plus je prenais conscience du laisser-aller ambiant, de la vile torpeur qui semblait engourdir les esprits gascons et anglais. Ah, ces « siphonneurs » de claret… Si toutes les villes de Guyenne, et surtout Bordeaux, sa capitale, se révélaient ainsi négligées, j’avais de quoi m’inquiéter… Nous avions tout un duché à faire tenir face à ce qui serait une putain de grande armée ! Notre tâche serait ardue. D’autant plus qu’après la reconquête normande, la confiance inondait le cœur des Français. Pour l’honneur de ma famille, pour la justice, j’étais prêt à faire front aux côtés des Anglo-Gascons ; prêt à me battre pour que la Guyenne demeurât anglaise ; prêt à soutenir la triomphante chevauchée de notre roi Henry VI vers Paris et le Palais de la Cité ; prêt à y laisser ma vie si le dessein de Dieu l’exigeait ! Mais eux, l’étaient-ils ?

Pour ne pas me laisser accabler par ce doute insidieux — douter de notre victoire revenait presque à capituler —, je ressentis soudain le besoin de sonder le cœur de ces hommes qui prendraient les armes à mes côtés.

Goupil filait loin devant moi ; déjà, il quittait l’esplanade du château pour regagner la ville haute. Impossible de le rattraper sans me signaler. Merde !

Revenant à mes pensées précédentes, je me dirigeai vers le poste de garde à Liverneuf. Un calme affligeant régnant sur la cité, les soldats jouaient. Les uns avec des cartes, les autres encore aux dés.

Interpellant les joueurs de cartes — j’étais habituellement malchanceux aux dés, mieux valait donc ne pas tenter… — j’essayai :

— Pardonnez-moi, peut-être pourriez-vous me renseigner…

Celui que j’imaginais être le sergent se releva aussitôt, la mine sérieuse, sans quitter la partie des yeux :

— Attendez que je joue ma main !

Il posa alors avec satisfaction une carte représentant un cavalier devant lui avant de me lancer :

— Pas mal, hein ?

Que lui répondre ? De ces jeux, je n’entendais rien…

— Bon, dites-moi, comment pouvons-nous vous aider ? enchaîna-t-il face à mon manque consternant d’enthousiasme.

— J’arrive tout juste de Normandie…, improvisai-je.

M’interrompant soudain d’un sifflement à mi-chemin entre gêne et désolation, un deuxième soldat, jetant aussitôt ses cartes sous le soupir agacé de ses compagnons, se leva pour m’offrir son tabouret :

— Assieds-toi un moment et raconte-nous. Hé, Bertucat, attrape donc l’outre de vin et sers-lui un godet !

— T’allais perdre ta solde ! Voilà pourquoi tu fais l’intéressé ! rétorqua ce dernier en s’exécutant malgré tout.

— Possible…, se gaussa l’autre pas mécontent d’avoir sauvé sa bourse, en me pressant tellement qu’il me versa la boisson presque directement dans le gosier.

Devant tant de sollicitude, comment refuser ?

Tant pis pour mon carême…

— T’arrives d’où ? me demanda alors un troisième dont la voix quelque peu voilée me laissait à penser que mon récit le toucherait.

— J’étais à Formigny… puis j’ai eu le malheur de me réfugier à Caen en espérant m’éloigner des échauffourées… racontai-je.

Un nouveau sifflement perça du second groupe de gardes. Admiratif cette fois.

— Mais là aussi… Enfin, vous savez… Par Saint-Georges, je m’en suis tiré…

— Lui y a perdu ses frères, reprit celui qui m’avait cédé sa place en désignant son voisin. Et moi mon père. Nous ne l’avons appris qu’il y a peu. Ça fait dix ans que j’habite en Guyenne, depuis que j’ai épousé une Anglaise. Mon beau-père vivait ici… Je me suis toujours dit que j’aurais aimé revoir ma terre natale. On ne prend jamais conscience des dernières fois lorsqu’on les vit… C’est triste. Elles pourraient être tellement plus belles… Je n’aurais plus le courage d’y revenir maintenant. Tu verras, tu te plairas dans ce pays, sois le bienvenu.

Je me sentis obligé de trinquer avec lui. J’avais menti sur mon origine, certes, mais la peine que je ressentis à l’écoute de sa confession était sincère.

— Putain d’Armagnac[1]…, osai-je alors, l’accompagnant d’un crachat au sol pour montrer mon aversion du Français et éprouver l’opinion de mes possibles frères d’armes.

Quel soulagement de les entendre reprendre en chœur ce même juron et le répéter derechef !

Sans qu’ils s’en rendissent compte, leurs postures se redressèrent, leurs sens s’éveillèrent et la détermination de leurs regards s’affermit.

J’avais ravivé la basse-cour !

Quelle ardeur ! Pussent-ils la conserver…

— J’espère qu’ici je serai protégé, souhaitais-je alors à demi-mot pour les encourager à sortir ce qu’ils avaient aux tripes.

— Tu le seras, repris leur chef, toujours aussi sérieux. Tu n’es pas le premier Normand réfugié et tu ne seras pas le dernier. Quant à la Guyenne, la question ne se pose pas. Aucun risque qu’elle redevienne Française !

— J’ai pourtant entendu dire çà et là qu’il s’en était fallu de peu que Bordeaux ne soit prise à l’automne passé. Est-ce vrai ? Et que Bergerac, perdue dans la chevauchée, était toujours sous contrôle français. Ne craignez-vous pas une nouvelle offensive ?

— Te tracasse pas, te dis-je. Sur le cul de la duchesse, je te le promets !

— Sur le cul de la duchesse ! reprirent de concert et encore plus enjoués l’ensemble des gardes.

— La duchesse ? m’étonnai-je aussitôt, ne comprenant pas ce que venait faire là le fessier de la reine consort d’Angleterre, Marguerite d’Anjou.

— Aliénor, voyons ! L’unique qui, justement, eût osé fermer son cul à un roi français !

— Pour sûr, renchérit Bertucat, le bon Louis a dû bien plus souvent guigner son missel que…

Putain, y’a vraiment plus de respect…

Ils insistèrent alors sur la valeur des guerriers de la garnison de Blaye ; leurs entraînements quotidiens à l’arc et à l’épée ; la vigilance constante des sentinelles, nuit et jour sur les remparts ; la promptitude avec laquelle la cité pourrait se fermer. Qu’une menace se présentât par voie de mer ne les alarmait pas davantage. L’avant-garde de Talmont[2] sur l’estuaire avertirait de l’arrivée éventuelle de galions armés. Et Bordeaux disposait de forts navires de guerre sur le qui-vive prêts à riposter en moins d’une journée. La Guyenne était hardie. Et Aliénor veillait, répétèrent-ils une dernière fois pour me rassurer. 

Bref, j’en avais assez entendu pour me faire mon idée du fond de leur pensée qui frôlait l’arrogance, mais tel était le sentiment gascon. Étaient-ils superstitieux au point de croire qu’un fantôme du passé suffît à effrayer la marche inéluctable de l’infanterie française ?

Un mauvais pressentiment m’enivra.

Les feux de l’Apocalypse dunoise allaient s’abattre sur la Guyenne et nul Aquitain ne semblait réellement prendre la mesure de ce Jugement dernier.

Que Dieu les garde !

Vite, mon frère ! Vite, dis-moi ce qu’il en est…




[1]. Désigne Charles VII.

[2]Bastide fondée par le roi d’Angleterre et duc d’Aquitaine Édouard Ier, en 1284. Elle est située à 60 km de Blaye en aval sur la Gironde. 

Les rendez-vous de Mireille Calmel

Les rendez-vous de Mireille Calmel

Par Mireille Calmel

Je suis née en décembre 1964, et depuis, je n’ai eu de cesse de me battre contre la maladie, la peur, l’adversité.

Condamnée trois fois par la médecine traditionnelle, j’ai eu la chance, immense, de m’en sortir grâce à ma mère, célèbre guérisseuse dans le midi de la France, mais aussi par l’usage des plantes médicinales, des huiles essentielles et une hygiène de vie rigoureuse.

Ma force, mon énergie, c’est dans l’écoute, le partage avec les autres et surtout, surtout dans l’écriture que je la puise.

Voici vingt trois ans, j’ai signé mon premier contrat d’édition dans la prestigieuse maison XO pour un roman intitulé “Le lit d’Aliénor” qui allait séduire plus d’un million et demi de lecteurs.

Depuis, j’enchaîne les best-sellers. 32 à ce jour, toujours chez XO, car je suis d’un tempérament fidèle.

Mais cette réussite, c’est surtout à vous, mes millions de lecteurs que je la dois.

Ce sont vos regards qui pétillent, nos rires partagés, nos moments complices qui font mon bonheur. Qui font que la petite fille terrifiée d’hier est parvenue à s’aimer un peu. Juste assez pour rester humble face à tout cela et vouloir vous transmettre le meilleur de ce qu’elle aime, de ce qu’elle connaît.

Sans autre prétention que cela: vous remercier du fond du coeur de votre confiance sans cesse renouvelée.