Du démon au duvet : brève histoire du chat domestique

Mardi 2 septembre...

Mes biens chers vous,

Regardez cette photo. Mounette, en pleine extase paresseuse, trône au milieu de mon lit comme si elle avait conquis un royaume. Aucun doute : ce chat n’a ni dieu ni maître…

Comment sommes-nous passés de la peur panique du « chat noir » des sabbats de sorcières à cette vénération quotidienne qui nous pousse à contourner leur sommeil sacré sur le canapé pour ne pas les déranger ? Allons, retroussons un peu les moustaches du temps.

Aux origines : le chat sauvage européen

Avant de devenir cet aristocrate du plaid chauffé, le chat était un chasseur solitaire, discret et efficace. Le chat sauvage européen (Felis silvestris silvestris), cousin du lynx et de la panthère, peuplait nos forêts. Robuste, farouche et nocturne, il vivait à l’écart de l’homme et n’avait rien de mignon — sauf peut-être aux yeux d’un autre chat sauvage.

Son destin va basculer… non pas en Europe, mais au Proche-Orient.

Du blé, des souris… et des chats

Il y a 9 000 ans, les premières communautés agricoles du Croissant fertile stockent leurs récoltes. Or, qui dit grains dit souris. Et qui dit souris dit… chat.

Le chat ganté africain (Felis lybica) s’invite alors dans les villages. Il chasse, les hommes le tolèrent, puis l’apprivoisent doucement. Une cohabitation s’installe. Le chat devient un allié discret, non par amour — il n’en a jamais trop eu le goût — mais par simple compatibilité d’intérêts.

Et puis… les Égyptiens arrivent.

Égypte ancienne : divin matou

Là-bas, c’est l’apothéose. Le chat devient dieu.

La déesse Bastet, femme à tête de chatte, incarne la maison, la fertilité et la protection. Tuer un chat, même accidentellement, peut valoir la peine de mort. On momifie les chats, on les enterre avec soin. Certains foyers en ont des dizaines.

Ce culte remonte le Nil, passe la Méditerranée, puis l’Empire romain. Le chat voyage, s’installe, s’adapte… et attend.

Moyen Âge : le grand retournement

Avec le christianisme médiéval, le chat change de statut. À la fois nocturne, indépendant, silencieux, il incarne désormais le diable en fourrure. Surtout s’il est noir.

On l’accuse d’être la monture des sorcières, de miauler des messes sataniques, d’avoir sept vies par pacte infernal… L'Église, méfiante, encourage parfois leur persécution. Ce qui, ironie tragique, favorisera la peste : sans chat, les rats pullulent.

Mais le chat survivra. Comme toujours.

Renaissance : retour en grâce

Dans les maisons nobles, on commence à les apprécier de nouveau. Ils chassent, ils décorent, ils se laissent flatter… parfois. Montaigne, Ronsard, puis plus tard Chateaubriand ou Colette en parleront avec tendresse ou ironie:

🖋️ Pierre de Ronsard (1524–1585)

Dans son Épître à Jacques Auger, le poète de la Pléiade évoque le chat dans une scène tendre et paisible :

« Le chat, doucement, sur le lit se pourmène,
Se couche, se pelotonne, et dort comme un ermite. »

🖋️ Colette (1873–1954)

Amoureuse passionnée des chats, elle leur a consacré plusieurs pages, notamment dans La Chatte ou Dialogues de bêtes. En voici une citation célèbre, extraite de La Naissance du jour (1928) :

« Aucun animal n’a ce don du silence, de la retraite, du repli sur soi, que possède le chat. Il a la paix, il est la paix. »

Le chat devient figure de saloncompagnon de dames, puis icône bourgeoise. Il ronronne sur les genoux des écrivains, s'invite dans les toiles des peintres (Manet, Steinlen, Balthus…)

Aujourd’hui : un seigneur domestique

De nos jours, le chat est partout. Il envahit Internet, trône sur les coussins, dicte les horaires, ignore les ordres. Il n’a pas oublié sa nature sauvage, ni sa divine indifférence. Mais il sait qu’il a gagné.

Vous pensiez avoir adopté un animal de compagnie ? Détrompez-vous. Le chat vous a choisi, vous a formé à ses besoins, puis s’est installé.

Il est loin, le chat du diable. Aujourd’hui, il dort au chaud, ventre à l’air, comme un petit tyran à poils. Et vous, attendri.e, lui préparez des croquettes « saumon & patate douce » en chuchotant pour ne pas le réveiller.

Alors la prochaine fois que vous vous demanderez s’il vous aime, souvenez-vous :
s’il n’avait pas besoin de vous, vous ne seriez plus là.

❤️

Pour les curieux ou les amoureux des chats qui voudraient aller plus loin :

  • "Une histoire du chat" – Jean-Michel Hermans, éd. Larousse

    Une balade érudite et accessible dans l’histoire du chat et sa représentation à travers les siècles.

  • "Le Chat dans l’histoire" – Kathleen Walker-Meikle, éd. Citadelles & Mazenod

    Superbe iconographie, anecdotes royales et curieuses sur le rôle du chat en Europe.

  • "Les chats dans l’art" – Stéphane Audeguy, éd. Hazan

    Du chat égyptien aux félins des toiles impressionnistes.

  • "La vie secrète des chats" – Stéphane Garnier, éd. L’Opportun

    Un petit guide drôle et tendre pour comprendre nos compagnons… ou du moins essayer”

    et bien sûr

  • “La trilogie des chats “de Bernard Werber.

Et si vous voulez aussi une jolie histoire à colorier, essayez celle d’Eléonore sur le chat d’Anaël…(9,90€) frais de port toujours offerts… 😉

Et comme c’est la rentrée, parmi tous ceux qui me posteront un ❤️ sur ma boite mail en réponse à cet article, je tirerai une adresse au sort pour un petit cadeau surprise. Un indice? Si vous aimez les chats et la lumière, vous allez l’adorer…

Belle rentrée à tous.

Mireille

Les rendez-vous de Mireille Calmel

Par Mireille Calmel

Je suis née en décembre 1964, et depuis, je n’ai eu de cesse de me battre contre la maladie, la peur, l’adversité.

Condamnée trois fois par la médecine traditionnelle, j’ai eu la chance, immense, de m’en sortir grâce à ma mère, célèbre guérisseuse dans le midi de la France, mais aussi par l’usage des plantes médicinales, des huiles essentielles et une hygiène de vie rigoureuse.

Ma force, mon énergie, c’est dans l’écoute, le partage avec les autres et surtout, surtout dans l’écriture que je la puise.

Voici vingt cinq ans, j’ai signé mon premier contrat d’édition dans la prestigieuse maison XO pour un roman intitulé “Le lit d’Aliénor” qui allait séduire plus d’un million et demi de lecteurs.

Depuis, j’enchaîne les best-sellers. 32 à ce jour, toujours chez XO, car je suis d’un tempérament fidèle.

Mais cette réussite, c’est surtout à vous, mes millions de lecteurs que je la dois.

Ce sont vos regards qui pétillent, nos rires partagés, nos moments complices qui font mon bonheur. Qui font que la petite fille terrifiée d’hier est parvenue à s’aimer un peu. Juste assez pour rester humble face à tout cela et vouloir vous transmettre le meilleur de ce qu’elle aime, de ce qu’elle connaît.

Sans autre prétention que cela: vous remercier du fond du coeur de votre confiance sans cesse renouvelée.