Le Noël magique de Milo, conte de Noël pour enfants sages...ou pas. Chapitres 1 et 2

Mardi 9 décembre

Mes biens cher vous,

Je vous avais promis un petit conte de Noël pour vos enfants et petits enfants. Il commence aujourd’hui et se terminera le mardi 6 janvier. J’espère que vous apprécierez de partager ce moment en famille, autour du sapin.

Je vous embrasse et vous souhaite de merveilleuses fêtes.

Mireille

PS: j’ai écrit ce conte il y a plus d’une trentaine d’année pour ma fille… je l’ai juste un peu actualisé, à peine… et c’est une vraie joie pour moi de le sortir de l’oubli où le temps l’avait confiné.😉💖

1.

Dans le petit village de Rochebrume, les maisons fumaient comme des marmites de cheminée, et la neige, tombée toute la journée, avait transformé les rues en chemins de sucre glace. Dans l’une de ces maisons vivait Milo, dix ans, avec sa petite sœur Lila, sept ans, leurs parents, et un vieux chat tigré nommé Biscotte qui se prenait pour un lion.

En cette soirée du 24 décembre, la maison sentait la cannelle, la mandarine et le feu de bois. Le sapin scintillait dans le salon, paré de guirlandes dorées, de boules rouges et d’une étoile un peu de travers juchée tout au sommet. Lila disait que ça lui donnait l’air « rigolo ». Milo, lui, trouvait que ça faisait « négligé ».

— Milo, tu peux me passer la guirlande d’étoiles ? demanda Lila en étirant la main.

— T’as qu’à te débrouiller, répondit-il sans même la regarder.

Il était assis par terre, les jambes croisées, en train de remuer une boîte de décorations.

Il avait l’air boudeur.

— Tu fais la tête ? Encore ? soupira Lila.

— Je ne fais pas la tête. J’en ai juste marre, d’accord ?

Il envoya une petite boule dorée rouler sous le canapé. 

Lila le dévisagea avec ses grands yeux noisette.

— Marre de quoi ?

— De tout ! De Noël, de ces guirlandes, du père Noël…

La phrase était tombée comme un bloc de glace. 

Lila se figea.

— Tu… tu ne crois plus au père Noël ? murmura-t-elle.

— Lila, on grandit, tu sais. Faut bien arrêter d’y croire à un moment, dit Milo d’un ton qu’il voulait détaché, mais qui sonnait surtout triste.

— Mais… si on n’y croit plus, il vient quand même, non ?

Milo haussa les épaules. En vérité, il n’en savait rien. 

Depuis quelques semaines, il se posait trop de questions. À l’école, les copains se moquaient de ceux qui parlaient encore du père Noël. On lui avait dit que c’étaient les parents qui achetaient les cadeaux, que les rennes volants c’était impossible, que la magie, ça n’existait pas. Alors forcément…

— Fais comme tu veux, Lila. Moi, j’y crois plus. C’est tout.

Lila serra contre elle une petite figurine en bois représentant un renne, les yeux brillants de larmes.

— Alors… peut-être qu’il ne viendra pas pour toi, dit-elle d’une voix tremblante.

— De toute façon, on a toujours ce qu’on attend, non ? Un jeu vidéo, des livres, des chaussettes… Rien de magique là-dedans.

Il se leva brutalement et quitta le salon. 

Le vieux chat Biscotte, qui dormait sur le fauteuil, ouvrit un œil jaune, miaula comme s’il n’appréciait pas le drame, puis se rendormit.

Lila resta seule. Elle posa le renne au pied du sapin, puis glissa un doigt sur une boule argentée où son visage se reflétait, déformé.

— Moi, j’y crois, chuchota-t-elle. Et je veux que tu reviennes, père Noël. Je veux que Milo retrouve la magie de Noël.

Son souhait s’envola en silence, mêlé à l’odeur de résine et de biscuits.

2. 

La nuit était tombée sur les toits enneigés. Dans la petite maison basse, maman installait les plats pour le réveillon, papa vérifiait qu’il ne manquait aucune bûche dans le poêle et Lila finissait de déposer quelques mandarines dans un panier pour « les rennes » de passage.

Milo, lui, avait mis son manteau et ses bottes. Il attrapa sa lampe de poche.

— Où tu vas ? demanda Maman.

— Faire un tour, répondit-il. J’ai besoin de prendre l’air.

— Pas trop loin, alors, prévint Papa. Les chemins sont glissants.

Milo hocha la tête sans enthousiasme.

Il sortit dans le froid. Le vent lui mordit aussitôt les joues.

Si l’on exceptait quelques éclats de rire qui s’échappaient des maisons, le village était silencieux. Pourtant, de la joie suintait par les fenêtres éclairées par les sapins illuminés, comme autant d’étoiles dansant sur les murs. 

Pfff ! jeta Milo dans un nuage de buée. Il enfonça ses mains au fond de ses poches et se mit à marcher.

Plus il avançait, plus les maisons se faisaient rares. Bientôt, il se retrouva à l’orée de cette forêt où les enfants du village avaient l’habitude de jouer, tous ensemble, les mercredis. Une vieille légende, racontée à l’école, disait que chaque hiver, les premiers neuf flocons qui tombaient là, étaient différents des autres, qu’ils étaient chargés d’un pouvoir mystérieux.

Des histoires pour les petits, pensa Milo. Moi je suis grand, maintenant. 

Pourtant, il devait bien le reconnaître, ce soir, la forêt semblait… différente.

Les sapins se découpaient en silhouettes noires sur la neige blanche et la lune dessinait des ombres bleutées à leurs pieds. 

Quelques glissades… pour me défouler…

Mais il se souvint de la recommandation de son père. Qu’il se foule une cheville ou se casse une jambe comme c’était arrivé à Once, l’hiver dernier, et ce ne serait pas seulement son Noël à lui qui serait gâché. Qu’il ne croie plus au père Noël et que cela le rende triste ne devait pas empêcher sa famille de s’amuser. 

Il allait rebrousser chemin, quand une bourrasque se leva soudain, tournant autour de lui comme un tourbillon invisible.

— Milo…

Milo sursauta. Il serra sa lampe contre lui. 

— Qui est là ? 

Le vent se calma aussitôt, comme si quelqu’un avait fermé une porte.

Devant lui, sur la neige, une lumière douce apparut, comme une petite étoile tombée au sol. La lumière se mit à grandir, à se tordre, à prendre forme. En quelques secondes, Milo se retrouva face à… une sorte de bonhomme de neige. Mais pas comme ceux qu’il fabriquait avec Lila. Celui-ci avait des bras de branches fines, un manteau bleu nuit brodé de flocons d’argent, un grand chapeau pointu et des yeux qui brillaient comme deux lanternes.

— Bonsoir, Milo, dit la créature en s’inclinant.

— Aaaaah !

Milo fit un bond en arrière, trébucha dans la neige et s’assit brutalement.

La neige froide s’infiltra par le haut de ses bottes. Il frissonna. 

— Allons, allons, pas de panique, rit le bonhomme de neige d’une voix cristalline. Je ne mange pas les enfants. Seulement quelques glaçons, parfois.

— Qui… qui es-tu ? balbutia Milo.

— On m’appelle Frimas, gardien de la Forêt des Neuf Flocons.

Il se redressa de toute sa hauteur, ce qui ne faisait pas plus d’un mètre cinquante.

— Et que… que me voulez-vous ?

— Tu as lancé un souhait, répondit Frimas. Ou plutôt, tu as lancé un non-souhait. C’est encore plus dangereux.

— Un non-souhait ?

— Tu as dit que tu ne croyais plus. Et la nuit de Noël, les choses auxquelles on ne croit plus ont tendance à disparaître.

Milo se sentit un peu gêné.

— Ce ne sont que des histoires, marmonna-t-il.

— Ah oui ?

Frimas se pencha vers lui, plongea ses yeux-lanternes dans ceux de Milo.

— Si le père Noël n’existe pas, qui dépose les rêves près du cœur des enfants ? Qui fait que les adultes se sentent à nouveau petits l’espace d’une nuit ? Qui fait briller les étoiles un peu plus fort, hein ?

— Les étoiles brillent toujours pareil, protesta Milo. C’est juste… de la science.

Frimas se fendit d’un petit sourire.

— La science explique comment les étoiles brillent. Mais pas pourquoi, parfois, on a l’impression qu’elles brillent pour nous.

Le vent charria un parfum de neige fraîche, de bois et de quelque chose d’inconnu.

— De toute façon, reprit Frimas, le problème n’est plus là.

— Comment ça ?

— Eh bien, figure-toi que tes paroles ont provoqué une drôle de chose. Dans l’Atelier du Nord, très loin d’ici, les rennes ont commencé à éternuer, les lutins ont raté leurs rubans, et le grand traîneau refuse de décoller.

— C’est… ma faute ?

Milo avait la gorge serrée. Il avait beau avoir décidé de ne plus croire en la magie de Noël, ce qui se passait-là était plus qu’étrange.

— Disons que tu as mis un sérieux bazar dans la mécanique de Noël, répondit Frimas. La magie n’existe que pour ceux qui croient en elle. Il suffit qu’un seul enfant la rejette et hop, tout se fissure. 

— Et… je peux réparer ? demanda Milo, un peu paniqué.

— Peut-être. Si tu acceptes de me suivre.

Il tendit une branche-main.

— Où ça ?

— Au cœur de la forêt, là où se trouve la Clé des Neuf Flocons. Elle protège la magie de Noël de ce village. Si elle s’éteint, les cadeaux ne trouveront plus le chemin des maisons, les chansons se tairont et même les guirlandes perdront leur lumière.

Milo fronça les sourcils. 

— C’est sérieux, ça ?

— Très sérieux. Et il nous reste peu de temps avant minuit.

Milo regarda en direction du village, puis de la forêt. Une peur sourde au ventre. Et si tout cela n’était pas réel. Si ce bonhomme de neige gesticulant et parlant était en réalité une méchante personne déguisée ? Papa et maman lui avaient toujours dit de ne jamais suivre des inconnus. 

Tout de même, songea Milo. Si c’est un déguisement, il est sacrément bien fait. Frimas fond du nez…

Et puis, il voulait bien cesser de croire au père Noël, pas faire disparaître la fête ou les jouets. 

— D’accord, dit-il d’une voix un peu tremblante. 

Frimas hocha la tête, satisfait.

— Bien. Alors redresse la tête. La forêt n’aime pas les enfants qui doutent, mais elle adore ceux qui sont prêts à réparer leurs erreurs. Et si ton cœur est sincère, elle va vite le deviner. 

Les rendez-vous de Mireille Calmel

Par Mireille Calmel

Je suis née en décembre 1964, et depuis, je n’ai eu de cesse de me battre contre la maladie, la peur, l’adversité.

Condamnée trois fois par la médecine traditionnelle, j’ai eu la chance, immense, de m’en sortir grâce à ma mère, célèbre guérisseuse dans le midi de la France, mais aussi par l’usage des plantes médicinales, des huiles essentielles et une hygiène de vie rigoureuse.

Ma force, mon énergie, c’est dans l’écoute, le partage avec les autres et surtout, surtout dans l’écriture que je la puise.

Voici vingt cinq ans, j’ai signé mon premier contrat d’édition dans la prestigieuse maison XO pour un roman intitulé “Le lit d’Aliénor” qui allait séduire plus d’un million et demi de lecteurs.

Depuis, j’enchaîne les best-sellers. 32 à ce jour, toujours chez XO, car je suis d’un tempérament fidèle.

Mais cette réussite, c’est surtout à vous, mes millions de lecteurs que je la dois.

Ce sont vos regards qui pétillent, nos rires partagés, nos moments complices qui font mon bonheur. Qui font que la petite fille terrifiée d’hier est parvenue à s’aimer un peu. Juste assez pour rester humble face à tout cela et vouloir vous transmettre le meilleur de ce qu’elle aime, de ce qu’elle connaît.

Sans autre prétention que cela: vous remercier du fond du coeur de votre confiance sans cesse renouvelée.